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Certaines découvertes littéraires façonnent votre imaginaire pour toujours. Les Nouvelles Éditions Oswald ont été pour moi une révélation, l’ouverture d’un portail inter-dimensionnel. Plonger dans le catalogue NéO, c’est comme s’aventurer dans un sous-sol secret : on y sent la putréfaction, l’humidité, les murmures de voix inconnues… et parfois des voix qui ne sont pas tout à fait humaines.
J’ai aperçu mes premières couvertures NéO chez les bouquinistes sur les Quais de Seine, ou bien peut-être chez Gibert, boulevard Saint Michel. Toujours est-il que c’est à ce moment-là que le fameux portail s’est ouvert.
Fondées au début des années 1980 par Pierre-Jean et Hélène Oswald, les Nouvelles Éditions Oswald ont rapidement occupé un territoire éditorial encore rare en France : celui des récits fantastiques, gothiques, baroques ou simplement « autres », bref, de la littérature populaire par excellence.
La maison d'édition a lancé plusieurs collections emblématiques, dont NéO : Fantastique - SF - Aventure, qui compte 215 titres publiés entre 1979 et 1989, Le Miroir obscur, une série de récits fantastiques et noirs dont les couvertures sont illustrées par Jean-Claude Claeys et NéO plus.
Il est évidemment impossible d’évoquer cette maison sans parler de Jean-Michel Nicollet, dont les illustrations ont façonné l’image même de NéO.
Plus qu’un simple illustrateur : il en était la signature graphique. Les couvertures de la collection Fantastique / SF / Aventure portaient toute son empreinte, reconnaissable entre mille – une esthétique où le baroque, l’onirique et l’inquiétant cohabitent avec une maîtrise picturale rare. Et toujours ce fameux cadre, fait de deux murs verticaux, qu’ils soient minéraux ou organiques, encadrant un sujet au pouvoir d’évocation rare.
Ses œuvres allaient au-delà de la simple jaquette : elles constituaient une atmosphère, une promesse, parfois même une mise en garde. On ouvrait un livre NÉO déjà conditionné à entrer dans un univers étrange, guidé par la palette maîtrisée de Nicollet.
Avec plus de 200 couvertures à son actif, toutes plus incroyables les unes que les autres, Jean-Michel Nicollet restera un artiste incontournable du monde de l’édition.
(Vous pouvez vous procurer ses merveilleuses illustrations à la galerie Barbier, à Paris)
NéO c’est aussi un catalogue très riche où l’on retrouve les plus grands écrivains du genre et où j’ai pu personnellement renouer avec les maîtres que j’avais découverts chez Marabout ou dans d’autres collections « poche ».
Jean Ray, le grand nocturne
Avec lui, le fantastique prend une teinte gothique et brumeuse que seule la Belgique semble pouvoir produire en série. Ses récits sont des ruelles où l’on se perd volontairement, des atmosphères qui sentent la bière brune, la pluie et le diable en embuscade. Sa plume oscille entre le gothique, l’étrange et un humour sombre très personnel. Lire Jean Ray, c’est marcher sur un fil tendu entre la peur et le charme de l’étrange.
Jean Ray chez NéO c’est aussi l’Intégrale Harry Dickson : 21 volumes publiés entre 1984 et 1986 qui constituent un monument de la littérature populaire. Nicollet, encore lui, illustre non seulement les jaquettes, mais il se met en scène en personnifiant le Sherlock Holmes américain dans de savoureux montages photo. Il réalise aussi de nombreux dessins intérieurs en noir et blanc.
R. E. Howard, le conteur à l’épée flamboyante
Lui, c’est l’autre versant du catalogue : muscles, créatures monstrueuses, malédictions antiques et batailles qui vous font pénétrer dans un univers de violence et de fureur inégalé.
Howard, c'est la preuve que la fantasy peut être brutale, élégante et étrangement philosophique — si l’on considère qu’une hache à deux mains peut être un instrument de réflexion existentielle. Si Conan reste son emblème indépassable, ses récits plus sombres ou occultes, publiés par NéO, m’ont montré que l’aventure épique pouvait côtoyer l’effroi sans perdre sa puissance narrative.
Lovecraft et le mythe
Le fil conducteur de mon univers littéraire reste définitivement H. P. Lovecraft et plusieurs de ses ouvrages figurent d’ailleurs au catalogue NéO, dont les fameux poèmes Fungi de Yuggoth, mais aussi sa biographie controversée par Sprague de Camp, ce qui renforçait naturellement mon attirance pour cette maison décidément hors normes.
NéO m’a également permis de (re)découvrir certains des auteurs de la galaxie lovecraftienne : Brian Lumley, Robert Bloch, Clark Ashton Smith, August Derleth, Donald Wandrei et William Hope Hodgson, un monde fantasmagorique inépuisable et toujours sublimé par le talent de Nicollet.
Les Nouvelles Éditions Oswald disparaissent en 1989, soit après une dizaine d’années d’existence, laissant un grand vide éditorial dans le domaine fantastique. Restera de cette décennie une collection incroyable d’ouvrages souvent inédits, des auteurs découverts ou remis au goût du jour grâce au travail d’orfèvre de François Truchaud et aux écrins étincelants de Jean-Michel Nicollet.
Partir à la recherche d’exemplaires de la collection chez les bouquinistes, dans les marchés aux livres ou sur internet reste une activité que je pratique toujours avec plaisir et nostalgie. Une quête dans les contrées du rêve…
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site neo.litterature-populaire.fr/
Un jour où je traînais, l’oeil vague, devant la riche bibliothèque de mon père, celui-ci en prit un livre qu’il me tendit simplement en me disant : « tiens, lis-ça, ça pourrait te plaire ». C’était La Couleur tombée du Ciel de Lovecraft, dans la collection Présence du Futur, aux éditions Denoël. Le choc que j’éprouvai à la lecture des quatre nouvelles de ce recueil, dont la terrifiante (et à jamais ma préférée) Le Cauchemar d’Innsmouth, est encore gravé dans ma mémoire. Cette découverte fit monter de plusieurs niveaux le respect que j’avais pour mon père et marqua le démarrage d’une passion qui ne fit qu’augmenter avec les années.
L’indispensable Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) est né à Providence, Rhode Island. Il commence à écrire des nouvelles dans les années 1910, publiant principalement dans des magazines pulp comme Weird Tales.
Ses œuvres les plus célèbres, comme L’Appel de Cthulhu (1928), Les Montagnes hallucinées (1931) et Le Cauchemar d’Innsmouth (1936), introduisent le concept d’horreur cosmique : l’idée que l’humanité est insignifiante face à des entités anciennes, indifférentes et inconcevables, comme Cthulhu ou Nyarlathotep. Son univers, le plus souvent résumé (à tors) au « Mythe de Cthulhu », repose sur des thèmes d’angoisse existentielle, d’inconnu terrifiant et de savoir interdit.
L’influence de Lovecraft sur le monde de la culture fantastique (littérature, cinéma, jeux vidéos…) est incommensurable et il était inévitable pour moi de plonger dans son oeuvre dès l’instant où je finissais Le Cauchemar d’Innsmouth, chef d’oeuvre de suspense et de terreur indicible.
Quand je remonte dans les souvenirs de mon enfance, à ceux qui flottent encore à la surface d’un bazar hétéroclite et fantastique, il me revient quelques jalons qui m’ont profondément marqué et certainement influencé. Je crois que tout a commencé avec Sherlock Holmes et un petit bout de papier déchiré portant l’inscription « si vous tenez à votre vie et à votre raison, éloignez-vous de la lande ».
Comme nous étions trois enfants d’une famille « sérieuse », nous n’avions pas la télé et mon père nous faisait la lecture le soir. Le premier monstre à avoir eu l’honneur d’intégrer mon bestiaire fut donc Le Chien des Baskerville (que je retrouverai plus tard dans la sublime adaptation de Terence Fisher, avec Christopher Lee et Peter Cushing dans les rôles principaux, mais nous en reparlerons). Cette créature aux yeux flamboyants, hantant la lande et agressant les malheureux qui s’y égaraient, me terrifia plusieurs soirs de suite jusqu’à ce que la raison triomphe (dans l’histoire). Mais je ne retenais du récit de Conan Doyle que cette brutale intrusion du fantastique, de l’irrationnel et du danger. Mon premier monstre !